Une esthétique


«Chaque spectacle nous embarque dans un puits d’émotion parce que, au final tout ce qui est dit est là et nous concerne au plus profond de nous même»




Claude Chalaguier auteur metteur en scène 

« Je crée des chorégraphies avec simplicité, une danse sans fioriture qui va seulement à la rencontre du monde pour le comprendre moi-même et non pour imposer ma vision au public , ni pour inciter l’admiration, ou pour m’enfermer dans une cause, juste pour tenter de nous retrouver , vibrer et vivre ensemble notre humanité »

Jos Pujol est une artiste de terrain issue du spectacle vivant. La réflexion majeure qui se trouve au cœur de ses créations est le lien et la façon dont la vulnérabilité qui est en chacun peut se transformer en alliée. Toutes ses créations racontent le mouvement de la vie dans ce qu’il peut générer de plus sombre pour n’en retenir que le plus lumineux et l’absolu nécessité d’aimer.

Jos est une chorégraphe engagée. Pour elle, la culture en tant que héritage universel doit se partager au plus proche des publics. Exigeante quant à la qualité artistique, elle pense que celle-ci est la condition sine qua non pour que les artistes en situation de marge puissent trouver leur place dans le monde de l’art.

En 2004 lorsqu’elle introduit le signe à son écriture chorégraphique, la langue des signes n’était pas au goût du jour comme à présent. Elle conserve de cette période une distance envers la culture verticale et protège la liberté de son espace scénique pour potentialiser les possibles humains par l’acte rigoureux et passionnant de faire émerger le mouvement. Sa compagnie réunit des artistes sourds et des artistes entendants, tous en lien avec le mouvement.

Le mode de pensée de la chorégraphe est toujours en mouvement pour innover, explorer des liens invisibles, créer des partenariats et vivre des aventures artistiques, humaines et poétiques

Très engagée sur le terrain, elle va à la rencontre d’un large public et particulièrement un public éloigné de la culture car pour elle , l’art en tant que héritage universel est un héritage commun.

Les années d’expérience lui permettent de se diriger au-delà de la notion d’inclusif , tout simplement vers une approche universelle de vivre et faire ensemble dans le domaine artistique.

Jos Pujol est portée par des artistes dont les œuvres résonnent en elle, activant sa créativité, Peter Brook, Pina Bausch, Kurt Jooss, Pippo Delbono, Charlie Chaplin, David Linch, Julia Kristeva, Roland Barthe, Fernand Deligny, Paul Magritte, Pierre Soulages et tous ceux dont les œuvres … qui l’accompagnent dans son cheminement .

Une esthétique

L’écriture chorégraphique que Jos nomme Signadanse est traversée par la danse, le théâtre gestuel et la langue des signes. Une écriture graphique qui dégage une musicalité des corps issue de la puissance d’un collectif pluriel. La virtuosité n’est pas ce que la chorégraphe recherche en priorité, ce qui l’anime est d’aller cueillir les pépites qui se trouvent au croisement des artistes dans leur singularité et leurs pluralités.

Elle utilise peu de décor, seulement des corps avec des histoires qui s’y sont inscrites.

Passionnée par les œuvres d’arts et les espaces muséaux, elle

s’inspire du processus créatif des artistes exposants pour vivre les œuvres avec le corps

Entre signe et danse

La conjugaison du signe issu de la langue des signes et du mouvement qu’elle expérimente depuis 2004 permet à la chorégraphe de donner un sens direct au mouvement, d’aller au plus simple en gommant toute fioriture pour être au plus près de ce qui résonne au mieux en elle. La langue des signes et la culture Sourde lui ont permis d’investir et d’affiner le regard (rôle central chez les Sourds), de jouer avec des moments de suspension, de silence, de sons invisibles, d’intériorité. Passer du signe au mouvement dansé n’est pas une technique, mais le fruit d’une rencontre entre un collectif pluriel et l’univers de la chorégraphe. Une pluralité qui induit une pensée, un rapport au corps différents.

Le signe issu de la langue des signes n’est pas plaqué mais il fait partie intégrante du jeu. A première vue il peut paraître très représentatif mais en fait il correspond à une vision fugitive un peu comme un haïku. Lorsque les danseurs s’emparent du signe, celui-ci interagit au plus profond d’eux-mêmes les conduisant à ne pas anticiper à l’avance un mouvement mais à le projeter à l’instant T, le rendant ainsi plus organique.

Un cheminement

Deux années probatoires École des Beaux Arts Lyon/ DE à l’IRTS de Dijon / Creps Antilles-Guyane (Expression Gymnique et Danses Associées). Elle participe à de nombreux stages en Guadeloupe , Cie Alvin Ailey et Léna Blou et enseigne à l’Akademiduka de Pointe à Pitre

À partir de 1994, elle intègre pendant 10 années la compagnie de Claude Chalaguier auteur metteur en scène du groupe signes de Lyon (proche de Peter Brook) et celle de Isaac Alvarez mime et chorégraphe, co-fondateur avec Jacques Lecoq du théâtre du mouvement à Paris. Deux rencontres déterminantes : «De ces magnifiques passeurs, j’avale leur enseignement goulument sans m’arrêter, l’un m’ouvre les portes à d’autres possibles artistiques, l’autre m’initie à la poésie du geste et au geste qui résonne le mieux en nous. Tous deux me font découvrir les enjeux et les exigences de la scène. Leur charisme , leur foi en l’humain, aux artistes , au public , à mes possibles , me permet de trouver la force d’aller puiser en moi l’écriture chorégraphique qui m’anime »

Dans ces années elle fonde le Collectif Machinox en mouvement» pour le contrat ville de Chamonix, puis Quartier Libre pour l’école de danse du Moulin de Tartary en Ardèche

Dès 2004, elle se sent prête à expérimenter ses propres formes et fonde à Montpellier la Cie Singulier Pluriel à Montpellier. Elle crée de nombreux spectacles pour la scène, l’espace public et les musées et centres d’art contemporain au niveau régional, national et international.

Elle transmet Signadanse (entre le signe issu de la langue des signes et la danse) auprès d’un large public, scolaires, publics des musées et centres d’art contemporain, associations et étudiants universitaires

Elle intervient chaque année depuis 20 ans auprès des étudiants travailleurs sociaux comme vacataire pédagogique

Elle enseigne à la Cité des Arts Conservatoire de Montpellier deux classes danse adaptées à un public spécifique dans le cadre du parcours Handi’Art.

Elle se forme à la langue des signes.